Il existe des beautés discrètes ;
De celles qu’il faut découvrir ;
Des trésors subtils
que l’on ne dérobe qu’après
une âpre vie de recherche.
Tu n’es pas de ces beautés-là.
Toi tu es la gifle en plein visage,
le coup de poing au plexus.
Tu es la beauté flagrante ;
Celle qui tombe du ciel ;
Celle qui ne s’explique pas.
Tu es à la fois l’évidence et le hasard.
Tu es celle qui détourne toute une vie rangée
vers la route de l’aventure.
Il n'est pas de rue
assez sombre
assez pestilentielle
qui ne s'inondera de ta lumière et ton parfum.
Un pas de toi
dans ces rues inhumaines
les transformera en boulevards dorés
menant à l'Homme libre.
J'étais dans le noir,
le silence,
le froid.
J'avais les poings liés
et la parole muselée.
Tu vins comme un feu,
une chaleur,
une couleur.
Tu annonças un autre choix.
Alors, je devins ivre,
je me départis de mon désespoir.
Nu et chantant,
je choisis d'autres entraves.
La vie est plus douce, vêtue de dentelle
et parée de précieux bijoux charnus
et ce qui n'était encore qu'un tableau nu
se colore soudain d'une teinte charnelle.
Remèdes aux chancres douloureux des amours mortes
les étreintes chaleureuses lavent le coeur.
Une poitrine, des bras, et tous les malheurs
meurent tels des souvenirs que le vent emporte.
Sachez, stupides esthètes de l'abstinence
qu'il n'est pas de plus puissante réjouissance
que de se fondre en la tendre féminité.
Les femmes quelques fois se montrent tyranniques
et sèment à leur gré des instants chaotiques,
mais elles demeurent des déesses à vénérer.
L'avenue de ta vie est rectiligne,
son sol, fermement asphalté,
lisse de tout drame,
assuré contre la moindre envolée.
A la dérobée, à l'angle d'une rue improbable,
laisse-moi devenir
un nid-de-poule,
une anomalie,
un caillou dans ta chaussure.
Laisse-moi être ton unique aventure !
Lorsque viennent ces douces soirées,
offrandes du printemps nouveau,
lorsque ton esprit cherche de plaisantes distractions
et ton corps la détente,
Je suis ce léger souffle chaud
qui caresse tes oreilles et te murmure : "Ose ! La vie est courte ! Ose puisqu'elle renaît encore".
A l'oeil aguerri, il n'échappera pas
que la ville regorge, en ses ruelles,
de plaisirs généreux
tel le verger
qui expose une multitude de fruits sucrés
et qui fait perdre la tête au gourmand
qui ne peut arrêter son choix.
Je devins soudain
l’incarnation d’un marquis divin
avec la nature pour seule morale.
Nulle raison pour éviter mon méfait.
Pour signer anonymement,
j’inscrivis au profond de ta chair :
“Sans Adresse De l’Ecrivain”.